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19 Juin 2020

Entretien avec Franck Loschi : « Etre dirigeant aujourd’hui, c’est une deuxième journée de boulot à temps plein au quotidien »

Cette semaine, nous avons échangé avec Franck Loschi, nageur et président du club de natation de l’ASPTT Nancy, partenaire de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Madine. Il nous fait part de sa passion pour la natation et son engagement de bénévole au quotidien. Rencontre.

Bonjour Franck, peux-tu te présenter et nous faire part de ton parcours ?

J’ai 52 ans, je suis commercial dans la vente de céréales pour le compte d’une société basée à Pont-à-Mousson, et parallèlement président de la section natation de l’ASPTT Nancy. Mon histoire avec la natation est relativement récente. J’ai débuté la natation une fois passé la trentaine dans le cadre de ma rééducation, suite à deux accidents de ski. Comme la pratique du ski m’était devenue peu recommandée, je me suis inscrit au club de Fontaine Natation, près de Grenoble, dans la section Maîtres. Au départ, les « vieux », comme nous étions appelés par l’entraîneur et les jeunes nageurs, avions des difficultés d’intégration dans le club. L’entraîneur ne nous portait pas beaucoup d’intérêt et estimait que nous n’avions pas de marge de progression. Pour lui prouver le contraire, avec une bande de copains, on s’est dit que l’on allait « taper » les petits jeunes. On s’est pris en charge et nous avons gravi toutes les étapes en participant dans un premier temps aux championnats régionaux, puis nationaux pour terminer aux championnats d’Europe. De fil en aiguille, la natation est devenue pour moi une véritable passion. Cela m’a donné la chance de rencontrer d’anciens nageurs de haut niveau qui ont été avec moi d’une grande gentillesse, et m’ont accepté dans leur cercle malgré le fait que je nageais à un niveau inférieur. J’ai même obtenu quelques places sur les podiums, aussi bien en individuel qu’en relais. C’est une de mes fiertés d’avoir réussi à démontrer aux plus jeunes que même si l’on n’est pas un nageur à la base et que l’on est plus âgé, il est possible avec du travail de progresser et d’obtenir des résultats, voire même de prendre leur place dans les équipes interclubs toutes catégories.

La natation est ta passion, mais tu es également dirigeant de club depuis de nombreuses années. Comme t’es venu cette vocation, notamment lorsque l’on connaît la difficulté d’être aujourd’hui bénévole avec des responsabilités ?

La vocation m’a prise lorsque j’étais nageur au club de Fontaine Natation. Au départ, je gérais les déplacements pour les nageurs Maîtres, puis quand je suis arrivé au club de Bron, dans la région lyonnaise, après être redevenu un simple nageur, j’ai endossé plusieurs responsabilités jusqu’à en devenir le Président en 2005. Je suis resté à ce poste jusqu’en 2015, et pendant cette période, le club est passé de 800 à 1 200 licenciés. La difficulté était d’avoir à gérer 1 200 individualités avec 1 200 attentes et caractères différents, et l’impossibilité de faire plaisir à tout le monde. Il faut savoir faire des compromis, dire non et inévitablement faire des mécontents. Au final, je me dis toujours que si les râleurs ne quittent pas le club, c’est qu’ils y trouvent leur compte.

D’un autre côté, j’ai eu la chance d’être très bien accompagné par la municipalité à la suite de la fermeture pendant 1 an de la piscine et de soucis financiers importants qui auraient pu couler le club. Comme nous étions la plus grande association de la ville, elle s’est montrée très bienveillante à notre égard, notamment parce que nous avions toujours respecté nos engagements. Pour résumer, être dirigeant aujourd’hui, c’est une deuxième journée de boulot à plein temps au quotidien.

Tu ne t’es pas arrêté à la gestion d’un club, puisque tu es devenu également organisateur d’un grand meeting de natation.

Comme je le disais précédemment, j’ai toujours aimé organiser. Au départ c’était les déplacements, les réservations d’hôtel lorsque je nageais pour le club de Fontaine puis à Bron pour l’ensemble des équipes. Puis on a réinstallé le meeting de Bron qui est devenu une référence dans la région, avec des clubs qui venaient de toute la France. J’ai même organisé les déplacements des nageurs français qui souhaitaient participer aux différents championnats d’Europe et du Monde Maîtres. Organiser et gérer les déplacements pour les copains a toujours été quelque chose de naturel pour moi. J’aime concevoir, motiver les gens à venir aider et ne pas être de simples participants. Je donne de ma personne, et ne suis pas là juste à distribuer les tâches et mettre les pieds sous la table. Et puis j’aime voir l’envers du décor et les cheveux blancs que l’on peut se faire (rires).

Après le club de Bron que tu as dû quitter pour raison professionnelle, tu as accepté de prendre la présidence de la section natation de l’ASPTT Nancy. Pourquoi ?

Après avoir quitté Lyon et un passage à l’étranger pendant un peu plus d’un an, j’ai atterri au club de l’ASPTT Nancy avec mon fils, comme simple nageur. Comme ils connaissaient mon passé de dirigeant, ils m’ont demandé de les aider. De fil en aiguille, on m’a proposé d’en devenir le Président il y a maintenant plus d’un an. A Nancy, c’est une autre expérience avec trois activités à gérer : la natation, le plongeon et le water-polo. C’est encore plus compliqué dans un contexte de club omnisport et plus lourd en termes de gestion, mais le boulot reste identique, même si nous n’avons que 600 licenciés. C’est un challenge très enthousiasmant, car je sais que nous pouvons faire de belles choses. Il y a un potentiel de développement très important sur Nancy, avec un très beau bassin de 50 mètres couvert qui a déjà reçu les championnats de France N1.

Tu as plusieurs sections au sein de ton club, as-tu le projet de monter une section de natation eau libre ?

Je n’ai pas de section eau libre à proprement parlé, ni de projet de monter une section. Mais j’ai des nageurs qui pratiquent l’eau libre, avec notamment plusieurs triathlètes qui s’entraînent au sein du club. C’est un sport à la mode et les gens ont envie d’essayer, même si c’est une discipline pour laquelle il faut lever quelques appréhensions avant de se lancer. Pour ma part, j’ai tenté l’expérience sur votre épreuve pour la première fois au lac de Madine il y a 2 ans, même si je préfère l’eau de javel à l’eau saumâtre (rires). Au départ, tu es un peu perdu, tu ne sais pas où tu vas, mais le fait de nager avec d’autres nageurs à proximité te rassure. Finalement, c’est très plaisant et en général tous ceux qui essayent l’eau libre y reviennent.

La crise du Covid-19 a ajouté à la difficulté d’être président de club. Comment as-tu maintenu le lien avec tes adhérents ?

Nous avons mis en place des séances de préparation physique générale (PPG) en « visio » pour ceux qui le souhaitaient, et les entraîneurs envoyaient des séances spécifiques aux nageurs de compétition pour qu’ils se maintiennent en forme. Et puis depuis le 11 mai dernier, nous avons proposé à tous les groupes compétition de se retrouver le soir pour aller courir et faire de la PPG dans une petite forêt au nord de Nancy. Une trentaine a répondu présent. Cela semble peu, mais nous avons beaucoup de nageurs internes qui ne résident pas tous sur l’agglomération. Maintenant, et depuis 15 jours, nous avons repris le chemin des bassins avec 15 nageurs maximum de 6h30 à 8h30. Même si ce n’est pas simple, vu l’horaire, nous tenons à montrer que nous sommes bien présents dans les lignes d’eau, en espérant que l’on nous accordera des créneaux supplémentaires prochainement en soirée. Enfin, nous avons prévu d’organiser un déplacement randonnée dans les Vosges, le 27 juin, pour remobiliser tout le monde et renforcer l’esprit club, comme nous le proposerons également pour votre événement de Madine le 8 août prochain.

Puisque tu évoques notre événement Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Madine, nous en profitons pour te remercier de nous avoir aidé à mettre en place notre premier événement à Lyon, et depuis 2 ans, nous apporter ton soutien en recrutant des bénévoles à Madine. Comment as-tu vécu ta première expérience à nos côtés et que penses-tu de notre organisation ?

Quand vous êtes venus me trouver en 2014 pour vous aider à trouver un site et monter une épreuve Open Swim Stars à Lyon, mon esprit d’organisateur m’a tout de suite laissé à penser qu’il y avait un truc à faire, même si pour moi la natation eau libre m’était inconnue. Je n’avais malheureusement pas pu être présent mais je me suis rattrapé en 2018 à Madine. J’ai trouvé que l’ambiance était très différente d’une épreuve en bassin. C’est décontracté même si l’on peut percevoir du stress chez certains. C’est très convivial. Tous les nageurs sont mélangés au départ, quel que soit leur âge ou leur niveau. J’ai trouvé l’organisation top, de l’accueil sur le site au petit casse-croûte avant le départ. Le décorum est très différent de ce que l’on peut trouver sur une épreuve en piscine. Je trouve que les moyens que vous mettez sont importants, notamment pour le chronométrage, la sécurité, les bénévoles et l’animation. Enfin pour en avoir discuté avec les adhérents de mon club ou des autres clubs présents, ils sont tous enchantés. C’est la nouvelle discipline à la mode de la natation et on sent que les gens sont demandeurs.