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27 Nov 2019

Le coup de froid, un des risques du métier

Si la baignade en eau froide n’est pas une spécialité française comme elle peut l’être dans d’autres pays, elle est pourtant accessible à tous. Tout est question de préparation du corps mais aussi de l’esprit. Cependant, et ce quelle que soit votre expérience en la matière, gardez en tête que le risque d’hypothermie n’est jamais bien loin. Une problématique qui ne guette d’ailleurs pas que les adeptes de la nage hivernale. En effet, elle fait plus largement partie des « risques du métier » de nageur eau libre. Alors que vous soyez adepte de l’eau froide ou non, voici quelques conseils pour minimiser la perte de chaleur corporelle.

 

Ressentir les éléments qui nous entourent, le picotement de l’eau fraîche qui nous traverse le corps : voici l’une des raisons pour laquelle de nombreux nageurs préfèrent évoluer en milieu naturel plutôt qu’en piscine. Toutefois, notre organisme se refroidit entre 3 et 4 fois plus vite – à température équivalente – dans l’eau que dans l’air. L’hypothermie est donc bien un danger de la discipline, que vous nagiez sans combinaison ou avec d’ailleurs, car même si l’épaisseur varie d’un modèle à un autre, elle n’est pas une armure contre le froid. Certains experts ont même noté que les nageurs en combinaison en état d’hypothermie avaient souvent besoin de plus d’assistance que les nageurs non équipés. La raison ? Le délai de réponse du corps au froid souvent plus long dans le premier cas.

Evidemment, les nageurs les plus aguerris (dans ce cas présent ceux ayant passé le plus de temps dans l’eau fraîche, voire froide) partent avec une longueur d’avance face au coup de froid. Ils savent comment réagit leur organisme face à une baisse de la température corporelle, et appréhendent plus rapidement les signes avant-coureurs. Autrement dit, les nageurs peu expérimentés sont les sujets les plus à risque. D’autant qu’il est important de rappeler qu’en état d’hypothermie, les personnes touchées sont souvent incapables de reconnaître leur état d’elles-même.

Que vous soyez observateur ou bien dans l’eau aux côtés d’autres nageurs, il est donc important d’en connaître les principaux signes. Sachez par exemple que des tremblements incontrôlables, une baisse sensible du rythme de nage, une dégradation inexpliquée de la technique, des troubles de l’élocution, des signes de désorientation, une extrême irritabilité… ou plus inquiétant, une perte de conscience, des difficultés à respirer, un arrêt des tremblements du corps alors que le nageur a encore froid (notez au passage que le corps tremble de façon naturelle et que cette réaction fait partie du processus de réchauffement. C’est un signe positif qu’il est en train de se défendre contre le froid)…. sont des signes qui doivent vous alerter.

 

Mais pour éviter d’en arriver là, quelques précautions de base sont à prendre. Nous vous donnons les principales :

  • Mettez-vous dans les meilleures conditions

L’alimentation est prépondérante. Restaurez-vous convenablement, au moins 2 à 3 heures avant votre effort, et agrémentez les heures qui suivent de quelques snacks. N’essayez pas de choses nouvelles, et contentez-vous de ce que vous avez l’habitude de manger ou boire. Une mauvaise digestion favorise les effets du froid et la baisse de température.

Cela va sans dire, l’échauffement à sec est primordial. Concentrez-vous prioritairement sur les muscles qui seront sollicités (bras, épaules…), couvrez-vous ensuite chaudement jusqu’au départ pour ne pas vous refroidir, et minimisez au maximum le temps passé dans l’eau avant de vous élancer. Aussi, une partie importante de la chaleur étant perdue par la tête, le port de deux bonnets, l’un sur l’autre, est tout à fait envisageable. A condition d’en avoir fait l’essai au préalable et de s’être assuré que les bonnets resteront en place. Enfin, dans le cas de longues sessions ou de froid extrême, se badigeonner le corps de graisse peut être aussi une option. A étudier tout de même tant elle est difficile à enlever ensuite et les effets contre le froid relatifs.

  • Gardez le rythme

Lors de la mise à l’eau, nous l’évoquions, il est important qu’elle soit de courte durée : une ou deux minutes tout au plus, de façon à ce que votre corps ait juste le temps de passer au-delà du choc de température. Une fois lancé, adoptez votre rythme de croisière le plus rapide pour la distance, mais sans vous épuiser car un déficit d’énergie avant la fin de la session pourrait entraîner une chute rapide de la température. Cela vous demandera certes un peu de pratique d’autant que le rythme dans l’eau froide est généralement plus lent que dans une piscine chauffée – nager en eau froide demande d’avantage d’efforts – mais le jeu en vaut la chandelle.

Enfin, minimisez au maximum les arrêts tels que les pauses ravitaillement. Préférez vous restaurer efficacement en amont de la session. Et surtout, adoptez la « pensée positive » : ne vous focalisez pas sur la température, mais plutôt sur votre technique par exemple. Cela n’empêchera pas votre température corporelle de descendre, mais vous aidera au moins à y faire face plus facilement.

  • « Mets ta cagoule »

Une fois arrivé, ne vous attardez pas dans l’eau. Prenez juste le temps de vous relever progressivement et de passer en position debout. Le corps a besoin de temps pour s’adapter à nouveau à la position debout, d’autant plus lorsqu’il s’est refroidi. Ensuite, il est essentiel de se couvrir rapidement avec un peignoir ou une couverture. Mettez-vous à l’abri du vent, quittez vos vêtements mouillés dès que possible puis habillez-vous de vêtements chauds, faciles à enfiler. Commencez par le haut du corps, les parties les plus importantes à réchauffer s’y trouvent. Une fois toutes vos couches enfilées, buvez quelque chose de chaud et dans la mesure du possible, si votre corps l’accepte, restaurez-vous. Le réchauffement de l’organisme nécessite beaucoup de calories.

 

Finalement, tout cela relève de gestes et d’habitudes qui semblent tomber sous le sens, mais qui sont difficiles à suivre lorsque nous sommes un peu moins lucides. Alors apprenez à vous connaître, à percevoir comment votre corps se comporte. Et gardez toujours un oeil sur les nageurs qui vous entourent.