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15 Mai 2020

L’interview de la semaine : entretien avec Alexis Busolin

La semaine dernière, nous avons échangé avec Alexis Busolin, 28 ans, vainqueur du 10 km, « l’épreuve reine » de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Paris 2019, et du 5 km de la première édition de l’Open Swim Stars Nyon. Ancien nageur de haut niveau passé par le Pôle France de Toulouse, il s’est depuis reconverti dans l’enseignement de la natation, un sport-passion qu’il pratique depuis son plus jeune âge. Il nous raconte comment s’est déroulé son confinement et nous livre son avis sur les Open Swim Stars Harmonie Mutuelle. Rencontre.

(Interview réalisée avant le déconfinement)

Bonjour Alexis, comment vous portez-vous alors que la fin du confinement se profile, et comment organisez-vous vos journées durant cette période ?

Ça va bien, merci. Mon activité professionnelle se poursuit en télétravail, mais j’ai pris une petite semaine de congés pour avancer les travaux de notre maison. Je me lève en général assez tôt pour travailler. Confinement oblige, je suis toute la journée chez moi, mais j’essaie de ne pas finir le travail trop tard pour faire un peu de sport.

Justement, comment organisez-vous vos séances d’activité physique et que conseillez-vous à ceux qui voudraient s’y mettre ?

En tant que nageur de haut niveau, je passais beaucoup de temps dans l’eau, mais je ne faisais pas trop de préparation physique à côté. J’ai donc essayé de développer certains points physiques que je ne prenais pas vraiment le temps de développer en temps normal. Comme je n’ai pas beaucoup de matériel à la maison, j’essaie de recréer les mouvements de nage avec des élastiques, dont je me sers pour générer une tension. J’établis des séries de travail spécifiques en faisant par exemple 10 séries de 1 minute avec l’élastique, puis j’enchaîne avec un exercice de musculation. Je répète cet enchaînement 3-4 fois. En ajoutant les abdos et le gainage, ça me fait de belles séances d’environ 1h30. Et dans certains cas, je cours pendant une petite heure et je complète la séance avec 30 minutes d’exercices de gainage et d’exercices de natation avec élastiques. C’est un type de séance que je recommande fortement.

Et au niveau moral, réussissez-vous à vous évader ?

Très honnêtement, pas trop, mais c’est aussi parce que je n’en ai pas vraiment besoin. J’ai la chance de faire un métier qui est une passion. Ça me permet de me concentrer à fond sur mes stagiaires que je suis beaucoup par visio et auxquels je dois envoyer du contenu régulièrement. Je m’occupe également du développement de l’Eau-libre en Occitanie au niveau Fédéral. J’ai beaucoup de travail, et j’ai donc l’esprit très occupé. Le confinement n’a pas altéré l’intensité de mon activité professionnelle. Je n’ai donc pas vraiment le temps de m’évader, mis à part sortir courir un peu le soir, mais je n’en ressens pas le besoin.

Quel est votre rapport à la natation et à l’eau libre ? ​

J’ai commencé à nager très tôt, à l’âge de 6 ans, aux dauphins du TOEC à Toulouse, club auquel je suis licencié depuis toujours. J’ai eu des horaires aménagés à partir de la 6ème, en Sport Etudes, et je m’entraînais 2 fois par jour. J’ai par la suite eu l’opportunité de rentrer au Pôle Espoir du CREPS de Toulouse dès la 3ème, où je suis resté jusqu’à mes 18-19 ans, avant d’intégrer le Pôle France.

Au niveau de mes résultats, j’ai décroché plusieurs podiums en catégories minime et cadet sur 400 m nage libre. Je me suis ensuite tourné vers les longues distances (800 m-1500 m), et je suis devenu vice-champion de France Junior sur 800 m NL en 2010, derrière Damien Joly (notamment détenteur du record de France sur 1500 m NL depuis 2016). Mais malheureusement, malgré ma seconde place, j’ai loupé la qualification pour les Championnats d’Europe Junior de 2 secondes.

Suite à cette déception, je me suis orienté vers l’eau libre où j’ai fini dès la première année Champion de France Junior du 5 km en ligne et du 5 km en contre-la-montre, et 3ème toutes catégories du 5 km. J’ai ensuite participé aux Championnats d’Europe, où j’ai notamment remporté l’épreuve par équipes. Après une coupure d’un an à cause d’une blessure, la saison 2011-2012 fut assez prolifique, avec une 3ème place Junior sur 5000 m indoor et une 3ème place, en Junior également, sur le 10 km lors des Championnats de France. Je me suis à cette occasion qualifié en équipe de France, mais diverses raisons médicales m’ont malheureusement contraint d’arrêter la compétition à l’âge de 20 ans.

J’ai ensuite connu une longue coupure de 7 ans, durée pendant laquelle j’ai effectué ma reconversion. J’ai enchaîné les différents diplômes liés à la natation en débutant par celui de maître-nageur sauveteur puis le diplôme d’état d’entraîneur avec le passage des Brevets Fédéraux et modules complémentaires, pour terminer par un diplôme d’état supérieur en entraînement haut-niveau et direction de structure.

Je ne me suis remis à l’eau que récemment, en janvier 2019, mais cela ne m’a pas empêché de reprendre la compétition avec succès. J’ai remporté le 10 km de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Paris, ainsi que le 5 km et le 1,25 km de l’Open Swim Stars de Nyon, en Suisse. Au niveau Fédéral, j’ai remporté le 5 km de l’EDF Aqua Challenge de Toulouse, et j’ai fini 4ème sur le 5 km et 5ème sur le 7,5 km à Millau, étape de la Coupe de France d’eau libre.

Vous avez remporté des épreuves de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle de Paris et de Nyon l’année dernière. Vous attendiez-vous à remporter ces épreuves et était-ce un objectif ?

Oui, c’en était un pour Paris, mais après, bien sûr, on ne connaît pas toutes les conditions de courses ou le niveau des nageurs présents, donc on ne peut jamais être sûr de gagner. Mon objectif était au moins de faire un podium, et le jour de la course j’ai pu décrocher cette première place. Cela s’est décanté assez rapidement : au bout de 200 m, nous étions 3 à nous être détachés. On s’est jaugés mutuellement sur quelques mètres avec quelques accélérations, mais ils ont craqué assez rapidement et j’ai dû faire cavalier seul pendant 9 km. Le dernier kilomètre a été éprouvant, mais j’ai pu tenir jusqu’à la ligne d’arrivée.

Pour Nyon, comme à Paris, nous avons été 3 à nous détacher assez rapidement, avant les 400 m. Puis après la première bouée, j’ai réussi à les décrocher avec quelques accélérations un peu plus soutenues. J’ai utilisé la même stratégie qu’à Paris, et cela a bien fonctionné (sourire).

Avez-vous prévu de participer cette année à un Open Swim Stars Harmonie Mutuelle et à d’autres épreuves d’eau libre ?

Oui, j’ai prévu de participer à l’Open Swim Stars de Strasbourg en septembre. Cela sera une belle occasion de découvrir la ville avec un circuit intéressant reliant le centre-ville au Parlement européen. Et si l’Open Swim Stars de Paris est reporté à une date à laquelle je peux être présent, j’y participerai à nouveau bien volontiers.

Mais cette année, je vise avant tout le haut du classement en catégorie Master de la Coupe de France Eau-libre. Il faut donc que j’enchaîne les courses pour grappiller un maximum de points. J’avais planifié plusieurs courses Fédérales, mais les événements récents vont sans doute chambouler mon calendrier.

Comment décririez-vous les Open Swim Stars Harmonie Mutuelle ?

Ce sont des événements très conviviaux. Tout le monde se rejoint et il y a un fort accent mis sur le partage et l’échange. C’est également très sympa que des personnalités de la natation parrainent et viennent remettre les récompenses lors de l’événement parisien. Il y a vraiment une bonne ambiance avant, pendant et après les épreuves, et c’est un des aspects que je n’ai pas toujours retrouvé sur les épreuves Fédérales. Cela aura finalement été très agréable de reprendre la compétition avec l’Open Swim Stars de Paris. De plus, les événements sont accessibles à tous, avec des distances adaptées à chacun. Après, il y a également la découverte, même si c’est valable pour l’eau libre en général, et le paysage autour du Lac Léman m’aura beaucoup marqué.

Pour finir, avez-vous des conseils à prodiguer aux personnes se « jetant à l’eau » cette année ?

Sur la préparation, il faut se montrer persévérant dans son entraînement. C’est sans doute mieux de s’entraîner en club et d’être suivi par un coach. C’est plus facile pour garder la motivation.  Il faut aussi ne pas hésiter à questionner les nageurs expérimentés, qui sont généralement de bon conseil. Au niveau de la course en elle-même, le plus important, c’est l’orientation. Il faut savoir garder son cap et bien s’orienter par rapport aux bouées. La gestion de l’effort est aussi très importante, et il faut bien se connaître avant de se lancer. Mais une fois que ces quelques points ont été appréhendés, tous les éléments sont réunis pour passer un moment convivial et intense en eau libre.