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7 Mai 2020

L’interview de la semaine : entretien avec Jean-Michel Santt

Il y a quelques jours, nous avons pu échanger avec Jean-Michel Santt, 44 ans, vainqueur de l’épreuve de 3,5 km de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Lyon l’année dernière. Alors qu’il découvre la natation enfant, il écume toujours, 38 ans plus tard, les piscines et les spots d’eau libre. Rencontre avec un passionné qui vit sa passion à fond.

 

Bonjour Jean-Michel, comment vous portez-vous en cette période de confinement ?

Ça va, les journées sont un peu agitées en ce moment, mais on fait avec ! Je suis responsable de deux blanchisseries qui emploient des personnes en situation de handicap (Association La Roche : https://laroche.asso.fr/). Situées à Vénissieux et à Amplepuis, dans la banlieue lyonnaise, elles fournissent entre autres des hôpitaux : l’épidémie n’a donc pas freiné mon activité, et je constate même une augmentation du trafic. En revanche, comme pour tout le monde, plus de natation…

Depuis le début du confinement, comment organisez-vous vos journées ?

Contrairement à beaucoup, je peux travailler, j’ai donc des journées bien remplies. Je me lève un peu plus tard car je ne peux plus m’entraîner en piscine le matin entre 6h00 à 8h00, comme je le fais en temps normal. Je suis au travail de 8h00 à 19h00. Les journées sont plus intenses car le linge des hôpitaux afflue en grande quantité. Le soir, une fois de retour chez moi, j’essaie de faire un petit peu de musculation, de préparation physique générale avec ma fille de 15 ans, Julia, qui nage également. On se maintient en forme comme ça. Mais l’eau me manque ! En tous cas, avec ces journées chargées, je ne vois pas vraiment la différence, si ce n’est encore une fois la fermeture des piscines qui m’empêche d’aller nager.

Malgré la fermeture des piscines, vous arrivez quand même à vous entretenir physiquement. Comment organisez-vous vos séances ?

Je ne suis pas de programme préétabli par un coach : je connais les exercices à faire, je me gère donc seul. J’essaie de faire 4 à 5 entraînements d’une heure par semaine. Je fais notamment du gainage et des exercices de renforcement. Je fais aussi du rameur et du vélo elliptique, pour travailler le cardio. J’alterne ces exercices en fonction des jours, cela me permet de varier mes séances et de ne pas tomber dans la monotonie. En revanche, je ne vais pas courir, pour limiter les risques mais surtout par solidarité avec ceux qui sont confinés dans de moins bonnes conditions que les miennes.

Et au niveau moral, comment réussissez-vous à vous évader dans cette période délicate ?

J’essaie avant tout de ne pas trop regarder la télé : les informations qui passent en boucle sont assez anxiogènes. Je reste notamment en contact avec mes partenaires de natation via les réseaux sociaux. Cela permet de garder du lien social. J’ai aussi la chance d’avoir un jardin, je peux donc m’aérer l’esprit, profiter du beau temps et faire un peu de jardinage de temps en temps.

Quel est votre rapport à la natation et à l’eau libre ?

J’ai commencé la natation en bassin à 6 ans. J’ai connu une petite coupure à partir de 1999, pendant laquelle j’ai pratiqué le triathlon pendant 6 ans et où j’ai pu mettre à profit mes qualités de nageur. Mais une fois sorti de l’eau, je me faisais vite rattraper et rentrais dans le peloton (rires). Ayant envie de performer, j’ai donc fini par revenir à mes « premières amours », la natation. Je suis donc nageur de façon quasi-continue depuis 38 ans, et j’ai connu pas mal de club, notamment à Melun où j’ai côtoyé Philippe Lucas. Je suis actuellement au Racing Club Bron-Décines. Normalement, je m’entraîne 4 fois par semaine, pour un total de 15 km en moyenne effectués, afin de me préparer au mieux aux compétitions en catégorie Maîtres. Je suis plutôt spécialisé dans le demi-fond (800 m – 1500 m) où je me situe parmi les meilleurs nationaux dans ma tranche d’âge (40-45 ans). J’ai notamment fini 9ème de ma catégorie sur 800 m crawl aux Championnats d’Europe Maîtres en 2016 à Londres.

Concernant l’eau libre, j’ai connu la discipline avant les Open Swim Stars Harmonie Mutuelle, en pratiquant avec un groupe de potes, la Team AB, qui nage au lac de Miribel-Jonage. Son côté stratégique – savoir gérer ses efforts, suivre les bons groupes et apprendre à bien se positionner au départ et aux bouées notamment- m’a beaucoup séduit. Dès lors, je me suis rapidement intéressé aux compétitions. Par exemple, j’ai été Vice-champion de France sur 3 000 m à Chalon-sur-Saône l’été dernier, dans la catégorie 40-45 ans.

Vous avez gagné l’épreuve de 3,5 km de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Lyon l’année dernière. Vous attendiez-vous à remporter l’épreuve, était-ce un objectif ?

Honnêtement, je n’étais pas venu pour ça. Je ne connaissais pas le niveau de tous les concurrents, et on n’est jamais à l’abri qu’il y ait un nageur particulièrement performant. Quand j’ai vu le niveau des nageurs du 5,5 km, j’étais bien content qu’ils ne soient pas contre moi (rires) ! En 2018, j’avais fini 3ème, donc je savais que j’avais mes chances. Je suis toujours dans l’optique de me donner à fond, et de voir ce qu’il se passe à l’arrivée. J’ai pris un bon départ, et j’ai su maintenir une bonne cadence jusqu’à l’arrivée. Et au final, sans que cela soit un objectif en soi au départ, j’ai gagné la course. Et même avec 2 minutes d’avance sur mon plus proche poursuivant (rires) ! Au-delà de la victoire, c’est vraiment une super expérience de nager dans le Rhône, et de découvrir la belle ville de Lyon sous un tout autre aspect.

Remettrez-vous votre titre en jeu cette année ? Et en dehors du circuit Open Swim Stars, avez-vous prévu de participer à des événements d’eau libre ?

Oui, je participerai très certainement à l’Open Swim Stars Lyon pour la 3ème fois cette année. Je ferai peut-être aussi une autre étape du circuit, en participant à l’épreuve organisée à Nyon début août. Si la situation sanitaire le permet, je participerai également à quelques étapes de l’EDF Aqua Challenge. Enfin, j’avais prévu de faire les Championnats d’Europe Masters à Budapest, qui devaient avoir lieu en août, mais ces derniers ont finalement été reportés à 2021.

Comment décririez-vous les Open Swim Stars Harmonie Mutuelle ?

Ce sont des événements conviviaux, bien organisés, avec une très bonne ambiance, bien plus décontractée qu’en piscine. Il y a un côté populaire et collectif que j’apprécie beaucoup, et qui manquait dans le paysage de la natation. Ça peut paraître anodin, mais tout le monde reçoit une médaille à l’arrivée : cela montre bien que tout le monde est gagnant, quel que soit son niveau.

Et pour finir, avez-vous des conseils à prodiguer aux personnes qui se « jetteront à l’eau » cette année ?

Avant de se lancer, il faut s’assurer d’être en capacité de nager au moins 2 km en continu. Un entraînement régulier au moins une fois par semaine est indispensable pour pouvoir participer dans de bonnes conditions physiques. D’un point de vue pratique, il faut bien sûr essayer sa combinaison avant le jour J, on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise (rires) ! L’une des principales craintes lorsqu’on nage dans un fleuve, c’est la qualité de l’eau, mais en ce qui concerne le Rhône, elle est vraiment propre voire même limpide par moments. Il n’y aucun problème de propreté. Enfin pour le déroulé de la course en elle-même, il ne faut pas partir trop vite et bien se placer lors du passage des points stratégiques, comme les ponts par exemple qu’il est préférable de passer au centre du fleuve s’agissant du Rhône. En somme, en respectant quelques règles, l’eau libre devient une discipline très accessible, où tout le monde peut prendre du plaisir, quel que soit son niveau.